Mandat
Ada X est un centre d’artistes féministe et bilingue engagé dans l’exploration, la création et la réflexion critique en arts médiatiques. Il soutient la production indépendante et la diffusion de propositions d’artistes femmes, trans, non-binaires et queer au sein des pratiques technologiques contemporaines. Démystifier, donner accès, outiller, questionner et créer, telles sont les visées de l’organisme. Il participe activement au développement d’une démocratie numérique qui encourage l’autonomie et la collaboration.
Il s’agit d’un espace spécifiquement dédié aux pratiques féministes d’une communauté d’artistes critiques et engagé-e-s, marginalisée au sein des arts numériques (et de la société en général). Il contribue ainsi à l’équilibre des pouvoirs et des expressions entre les genres en défendant une position féministe inclusive et en dénonçant la persistance des disparités de genres. Il soutient des projets issus de communautés qui utilisent et conçoivent des technologies plus accessibles, d’artistes qui expérimentent avec des matériaux recyclés et des logiciels libres, qui travaillent aux abords des pratiques post-internet, et de personnes qui défendent l’éthique du do it yourself (fais-le toi-même) et du do it together (faire ensemble).
Ada X soutient la communauté des artistes féministes à travers trois axes principaux : la production d’œuvres d’arts médiatiques par des résidences d’artistes, la mise à disposition d’espaces, d’équipements et de ressources spécialisées; la diffusion par la présentation et la promotion d’œuvres artistiques; la formation par des ateliers et des activités de réflexion.
Historique
Créé en 1996, Ada X a été fondé sous le nom de Studio XX par Kim Sawchuck (Ph.D et professeure), Patricia Kearns (cinéaste), Kathy Kennedy (artiste sonore) et Sheryl Hamilton (cybernéticienne). Elles ont imaginé un centre d’artistes autogéré féministe et bilingue en arts médiatiques afin d’inciter les femmes à prendre part à l’émergence de nouvelles formes d’expression et de pratiques artistiques offertes par le développement accéléré d’Internet et l’apparition de nouveaux outils numériques.
Dans un contexte où l’emploi des nouvelles technologies était (et est encore) majoritairement inscrit dans des pratiques qui favorisaient peu la participation des femmes, les quatre fondatrices ont cherché à accompagner leur engagement artistique dans le défrichement du cyberespace et dans l’exploration des arts multimédias. Pour ce faire, elles les ont encouragées à devenir « créatrices » et non plus « spectatrices » et ce, à travers leur participation active à la production de connaissances et de pratiques autour des technologies numériques et le développement d’activités et de perspectives alternatives.
Ada X a évolué. À ses débuts, le centre était structuré autour de la réalisation de projets d’artistes. Il a ensuite participé à la présentation et à la promotion d’œuvres artistiques (avec une série d’événements intitulés les Salons femmes br@nchées). Ces salons permettaient aux artistes d’exposer leurs productions, de discuter sur leurs pratiques, de faire des comptes rendus critiques et de performer. D’autres types d’activités ont ensuite été développés : l’émission de Radio XX Files sur CKUT, le festival d’arts médiatiques et de culture numérique Les HTMlles, la publication électronique féministe d’art et de culture numérique .dpi, le projet d’archives Matricules – registre imagé et documentaire de l’histoire du centre et des arts médiatiques créées par des artistes femmes et queer. Enfin, le Ada X a créé un programme de résidences et de formations spécialisées dans le but de procurer aux artistes et à ses membres des outils et un encadrement nécessaires à la réalisation de leurs propres œuvres, dans une dynamique participative et collaborative.
1996 : Fondation du Studio XX. Création de l’émission de Radio XX Files
1997 : Création du festival féministe d’arts médiatiques et de culture numérique Les HTMlles, appelé Maid in Cyberspace 01 : Le festival XX d’art WWW
1998 : Maid in Cyberspace 02 : Encore !
2000 : Maid in Cyberspace * Les HTMlles 03 – Le festival de cyberart
2001 : Maid in Cyberspace 04 : Les identités et cultures mut(antes)
2002 : Les HTMlles en cyberespace 05 : Le double, le multiple et la contamination dans l’art web
2003 : Festival Les HTMlles de cyberart 06 : Radicale libre
2004 : Création de la publication .dpi. Le festival Les HTMlles devient une biennale. Projet Export 1 – volet international des HTMlles (Belgrade, Sofia, Istanbul)
2005 : Festival Les HTMlles 07 : Périphéries et proximités
2006 : Production de l’artefact xxxboite (10 ans du Studio XX). Projet Export 2 – volet international des HTMlles (Bruxelles et Berlin)
2007 : Production du projet de numérisation et de mise en ligne des Archives Matricules. Festival Les HTMlles 08 : Contrôle des masses
2008 : Lancement des Archives Matricules
2009 : Lancement du projet Le numérique à la première personne, en partenariat avec l’Office national du film, et présenté dans le cadre de l’édition 2010 du festival Les HTMlles.
2010 : Numérisation des émissions de Radio XX Files. Festival Les HTMlles 09 : <Terre> </d’appartenance>
2011 : Production de l’artefact XX Fantastique (15 ans du Studio XX)
2012 : Festival Les HTMlles 10 : Affaires à risques
2014 : Festival Les HTMlles 11 : ZÉR0 FUTUR[E]
2015 : Lancement du projet Les arts électroniques en famille. Finaliste du 31e Grand Prix du Conseil des arts de Montréal
2016 : 20e anniversaire du Studio XX. Festival Les HTMlles 12 : Conditions de confidentialité
2018 : Festival HTMlles 14 : Au-delà du # – Échecs et devenirs
2020 : Le Studio XX devient Ada X. Les XX Files deviennent les ffiles.
2020 : Festival HTMlles 15 : Slow Tech
Vision artistique
De manière générale, le Ada X se conforme au Guide de déontologie des centres d’artistes autogérés élaboré par le Regroupement des centres d’artistes autogérés du Québec (RCAAQ).
Notre intention féministe
La raison d’être du Ada X s’appuie sur des principes féministes, et plus particulièrement sur l’idée que les féminismes « génèrent un débat respectueux et passionné – et non pas un consensus et une uniformité préétablie de l’opinion », comme l’a exprimé Kim Sawchuck, une des fondatrices de l’organisme. Ceci signifie que nous accueillons des recherches et des projets artistiques qui s’appuient sur des méthodologies féministes dont l’objectif est de questionner notre société contemporaine. Ceci explique que nous présentons des projets qui revendiquent le droit d’avoir des opinions opposées et discordantes en lien avec les arts, les technologies et toute question sociopolitique d’actualité.
Notre nécessité passée et présente
Il régnait un sentiment d’excitation et de spéculation lorsque les quatre fondatrices décidèrent de créer Ada X. Elles étaient alors animées par le désir d’agir à travers l’enseignement et le partage de leurs connaissances en nouveaux médias. Les événements proposés par Ada X – expositions, conversations, ateliers, activités communautaires – s’inspirent de cette volonté initiale d’influencer les débats et les expérimentations en technologie. Plus de vingt ans après la création du centre, les disparités de genre en termes d’accès aux technologies, l’iniquité salariale entre les genres des personnes travaillant dans le domaine des arts et des technologies et les disparités dans la représentation des genres de ceux-lles qui participent aux événements artistiques de grande envergure à Montréal prouvent la pertinence de l’existence d’Ada X qui s’efforce d’ouvrir les espaces aux activistes, chercheur-e-s et artistes qui se définissent comme femmes et queer.
Notre ancrage communautaire
La communauté d’Ada X se compose d’artistes locaux-ales (émergent-e-s, à mi-carrière et établi-e-s), d’activistes, de chercheur-e-s et de personnes qui sont intéressées par les croisements entre l’art et la technologie. Elle se définit par son aspect multigénérationnel car le centre rejoint les jeunes générations tout comme il maintient des liens avec la première vague des artistes féministes en arts médiatiques à Montréal. Notre vision est celle du partage des connaissances et du transfert des savoir-faire (à la fois sur l’histoire des technologies et sur les nouvelles technologies) entre toutes ces personnes qui font la vie d’Ada X, dans un environnement sûr, accessible et solidaire. Dans cette perspective, nous visons à fournir aux artistes et travailleur-euse-s culturel-le-s divers outils afin de les accompagner dans le développement de leurs carrières artistiques et professionnelles. C’est la raison pour laquelle nous développons une série d’activités qui cherche à accroître leur employabilité, notamment par le biais de nos formations qui se concentrent sur l’enseignement de compétences en lien avec le numérique et le milieu des arts. En outre, nous développons des activités où les membres d’Ada X peuvent élargir leur réseaux, présenter (révéler) leurs compétences et se promouvoir eux-elles-mêmes.
Notre accompagnement à l’international
Ada X vise à élargir la présence internationale des artistes et de ses membres et à encourager des collaborations et échanges avec des organismes artistiques étrangers. Puisque notre mandat est de soutenir la production en arts médiatiques et d’offrir un espace à une diversité de pratiques d’artistes canadien-ne-s, nous souhaitons matérialiser cette idée de soutien en participant activement au développement artistique de nos membres et en augmentant leurs opportunités de circulation par la mise en place de projets d’échanges internationaux en diffusion/production et de co-résidences en recherche et création.
Notre engagement sur les questions d’identité et de diversité
Notre vision artistique est définie dans le but de jouer un rôle de premier plan au sein de la scène montréalaise des arts numériques. En tant que féministes, nous pensons qu’il est essentiel de participer aux débats et aux expérimentations sur les technologies et en cela de se saisir de nos pratiques, nos méthodologies et nos pensées issus de la longue tradition contestataire des féminismes. Nous considérons que ces derniers, tout comme l’art et les technologies, sont contentieux et en constante évolution, et qu’ils s’affirment comme source d’innovations venant renouveler les pratiques et les manières de voir. Notre engagement féministe nous a permis d’aborder des problèmes actuels tels que la vie privée et la surveillance, les femmes et l’espace public, la migration et le déplacement, à partir de points de vue de communautés minoritaires, souvent marginalisées. Finalement, notre vision féministe, engagée, signifie que nous défions l’émergence de technologies qui sont toujours basées sur des points de vue normatifs et qui prennent pour acquis que toute personne peut occuper les espaces virtuels sur une base égalitaire. C’est parce que nous sommes lié-e-s à ces traditions féministes que nous insistons sur le fait que dans les espaces virtuels, tout comme les espaces physiques, il existe des inégalités liées au genre, à l’ascendance, à la spécificité géopolitique, au sexe et aux autres construits sociaux et que nous cherchons donc à révéler ces autres points de vue artistiques non majoritaires.