Appel .dpi 28 : Cultures genrées sur Internet

Dossier : Cultures genrées sur Internet
Coordonnatrice de dossier invitée : Jennifer Chan

Dans le cadre du dossier de son 28e numéro, .dpi examine Internet en tant que site hétérogène permettant la délibération et la mise au défi d’idéaux de genre.

Sur Internet, les utilisateur-rice-s aux intérêts communs ont la possibilité de trouver des communautés basées sur la production de conversations portant à la fois sur le féminisme et le masculinisme. Tel que proposé par la théoricienne Donna Haraway et l’artiste et théoricienne Coco Fusco, les débuts de l’Internet auraient accéléré le potentiel d’émancipation de la performance de genre alors que les frontières entre les corps et les machines auraient permis à des subjectivités de genre, historiquement marginalisées et invisibles, d’être entendues. Inversement, le déséquilibre historique des structures de représentation soutenues par les musées et les institutions d’enseignement des arts se heurtent à ces intentions optimistes retrouvées sur Internet.

À la lumière d’une majorité de rédacteurs de Wikipédia qui s’identifie en tant qu’hommes et de la récurrence des critiques à propos de la disparité de la représentation des genres dans le monde du jeu vidéo et du net art, les écarts en ce qui à trait à la représentation des femmes et des personnes queer dans les pratiques artistiques dans le domaine des nouveaux médias et des arts technologiques demeurent inexpliqués et non résolus. D’un côté, la relation complexe et enchevêtrée entre le discours social et la représentation des genres en ligne doit être examinée, puisque des idéaux rigides de la masculinité et de la féminité persistent aujourd’hui au sein des communautés Web telles que celles retrouvées sur OKCupid et AskMen ainsi que dans les forums MPUA (artistes de la drague). D’un autre côté, les pratiques artistiques qui se réapproprient et/ou remettent en question ces définitions pourraient ouvrir la porte à de nouvelles manières de comprendre la construction sociale du genre.

Alors que les collectifs cyberféministes des années 90 cherchaient à infiltrer le monde du net.art dominé par les hommes, les pratiques féministes en réseau sont plurielles aujourd’hui. Les premier-ère-s artistes utilisateur-rice-s, telles que Netochka Nezvanova et la défunte LaTurbo Avedon, exploitaient l’anonymat des réseaux afin de projeter des personnages et des intérêts instables. De nos jours, la critique féministe en ligne reflète les réalités et aspirations genrées des utilisateur-rice-s, du remix subversif de la culture populaire jusqu’au commentaire latent des aggrégations d’images sur les tumblrs. Ailleurs sur le net, l’écriture honnête de blogueuses et d’auteures comme Karley Sciortino (Slutever) et Marie Calloway ont provoqué un tollé dans la blogosphère relativement à l’auto-représentation artistique « adéquate » de la sexualité féminine. Ultimément, les notions binaires du genre (masculinité et féminité), en tant que performance acculturée qui imite les idéaux socialisés, se manifestent dans la technologie et en sont également le produit. Pourtant, ces conventions sont déstabilisées à travers la délibération entre utilisateur-rice-s portant sur de telles représentations au sein de l’espace informel du Web (1). Quelles sortes de pratiques et de représentations sont actuellement importantes pour les femmes et les personnes queer? Quelles conversations reflètent les réalités de la distribution des genres actuellement en art et sur Internet? À quoi ressemblerait un environnement en ligne réellement post-genre? Quelles sortes d’usages du réseau feraient une brèche dans les idées existantes de la performance incarnée?

Liste non-exhaustive d’exemples de sujets recherchés :
– des analyses de la culture queer, transgenre et/ou hétérosexuelle en ligne;
– les pratiques artistiques en réseau et les conversations sur les féminismes et le « queerness »;
– des descriptions de conversations et de pratiques non-académiques, artistiques et féministes facilitées par Internet;
– la structure genrée d’Internet;
– des analyses féministes de la sous-culture d’Internet;
– des entretiens avec des personnes créatives travaillant sur ces thèmes;
– des déclarations et des manifestes;
– des historiques alternatifs de pratiques artistiques féministes en ligne.

Nous accueillons des textes et/ou projets complétés par toute personne intéressée, peu importe l’identité et l’orientation sexuelle.

(1) Jack Judith Halberstam. « Automating Gender : Postmodern Feminism in the Age of the Intelligent Machine », Feminist Studies, Vol. 17, No. 3. (Automne 1991), 440.

 

Soumettre un texte et/ou un projet

.dpi est à la recherche de soumissions appropriées au (ou issues du) Web incluant le texte, l’image, le son, la vidéo, l’animation, l’interactivité, la combinaison de ces médias, ou toute autre forme, produites de manière collaborative ou individuelle. Les contributions peuvent prendre la forme de courts essais, critiques, entrevues, études de cas, comptes-rendus, œuvres (ou extraits), ou une forme inattendue. Le comité de rédaction encourage la soumission de projets plus libres à caractère non-académique. La longueur des textes peut varier entre 500 et 1500 mots (maximum), selon la forme et les médias utilisés.

Veuillez faire parvenir votre texte et/ou projet complété (accompagné d’images, de vidéos, d’hyperliens, etc.), une courte biographie (100 mots) par personne impliquée, un résumé (100 mots), ainsi que trois à cinq mots-clés, d’ici le vendredi 13 septembre 2013 à : revuedpi(at)gmail.com

Un cachet est offert selon la longueur et la complexité de la contribution. Les auteur-e-s et artistes sont responsables de tous les droits d’auteur en lien avec le contenu soumis.

Les contributions non liées à la thématique du dossier sont également bienvenues et seront considérées pour publication dans la partie hors-dossier de la revue.