Le Studio XX lance son programme de résidence 2010-2011 en accueillant l’artiste médiatique indépendante internationale Pascale Barret entre le 25 octobre et le 17 décembre, 2010. Sa démarche artistique se concentre sur le thème de la représentation de genre dans les réseaux numériques de la science-fiction et du féminisme – par rapport aux écrits de Donna Haraway – et examine les concepts d’identité, de clonage et de hyper-communication. Pendant sa résidence, Pascale continuera sa recherche ancrée dans les avatars de Second Life, les environnements immersifs, les flux audio et vidéo en temps réel et improvisés ainsi que les technologies portatives pour créer Curiosités masculines, se composant d’un cabinet – une structure physique qui agit comme un musée miniature, incluant des textes, des dessins, des images d’Internet, des vidéos et des photographies d’humains, animaux et des réalités mélangées végétales – et un site Web – une interface qui sert de forum pour la réflexion et la discussion autour des idées de genre, d’identité, de mutation scientifique et d’apparence stéréotypée.
Pascale Barret se situe entre Bruxelles, l’Europe et l’Internet. Après des études en aménagement de l’environnement architectural, elle poursuit toute une série de formations en arts visuels, performance et arts numériques et obtient une maîtrise (Diplôme National Supérieur d’Etude Plastique) en 2008. En 2010, elle a contribué à la plate-forme de recherches de VIRAGE en développant de nouvelles interfaces et elle a été récompensée, avec le commissaire Daniel Canty, pour « Ecran Intéractif 1.0 : Beautiful Lives Scholarship Intensive » au Banff New Media Institute. Pascale est présentement membre d’iMAL, un centre pour les cultures digitales et technologiques et participe à Body Intimacy Network, un projet de réseaux initié par Mutin pour la recherche sur le corps numériques. Ses œuvres ont été exposées dans plusieurs établissements artistiques européens.
« Au début était la curiosité. Puis Adam et Eve furent chassés du jardin d’Eden. L’évolution accélérée de notre monde nous immerge et nous plonge fortement dans le nouveau royaume de l’émancipation créatrice. Cependant, ce développement massif a conduit au questionnement de notre intégrité et crée ainsi un conflit d’identité. L’actuelle mondialisation rapide m’a incité à travailler en termes de métamorphoses et d’utopies. Alors que toutes alternatives semblent disparaître, l’évolution accélérée du monde porte en elle de nouvelles émancipations et m’invite à créer en termes de métamorphoses et d’affranchissements. Bien que l’humain et la technologie semblent opposés, le corps physique essaie néanmoins de trouver sa place parmi ces nouvelles technologies. Parce que contradictoire, le corps physique recherche sa place dans les nouvelles technologies. La représentation que nous nous faisons de notre propre corps se heurte, voire, se substitue à ces perceptions. Notre fascination pour les nouvelles technologies nous tente constamment et nous pousse à franchir la ligne entre le monde physique/réel et les autres territoires/représentations/perceptions. C’est parce que notre corps et notre esprit ont soif de désir. À la reconnaissance d’une présence, d’une frontière à traverser, le corps est en quête de désir. Nous pourrions ainsi aspirer à être plus qu’un homme, une femme ou même un animal dans nos vies complexes et éphémères. L’idée d’utiliser des avatars, affranchis ou simulés, est une démonstration des thèmes récurrents présents dans mon travail tels que le corps « sans chair »/virtuel et les identités numériques. En référence aux préoccupations esthétiques du 15ième siècle, mon travail de création se concentre sur des conceptions d’incarnation et de désincarnation. Bien que mes outils modernes mobilisent à la fois la technologie traditionnelle et la technologie de pointe, ils échappent parfois à mon contrôle empruntant des voies poétiques et ludiques pour moi-même, pour nous-mêmes et créant des représentations virtuelles, artificielles et physiques. Le double et la disparition, les identités médiatiques sont mes véritables motifs sous la couverture poétique, ludique et fictionnelle d’un double de moi nous-même, des représentations physiques, virtuelles ou artificielles. En référence aux préoccupations esthétiques du 15ième siècle, mon processus de création se projette, en point de fuite, dans des conceptions d’incarnation et de désincarnation. Mes outils, traditionnels et technologiques, échappent parfois à mon contrôle pour devenir des expressions d’erreurs ou de défauts dans un monde d’apparence parfait. Les lieux communs et les expériences de déjà-vu s’imbriquent dans mes recherches pour questionner ou contrecarrer mes observations de la nature humaine et de ses mutations. »