Image © Helena Martin Franco, 2008
Helena Martin Franco, artiste montréalaise d’origine colombienne, ouvre la saison avec son projet « Laberinto : la visite », où elle se met en scène son personnage Coeur déphasé dans une série de cyber-performances. Sa résidence lui permettra de mettre en place les aspects “communication” de son projet. Date: 27 octobre au 19 décembre 2008
« Laberinto: la visite » est composée des deux volets. Le premier volet de ce projet consiste en la réalisation de plusieurs cyber-performances sous la forme d’apparitions miraculeuses de Cœur déphasé. Ces performances seront diffusées en ligne sur un blogue. Les propriétés de cette interface faciliteront la participation des internautes dans la fiction par la publication de commentaires, d’images et de vidéos.
En lien avec les cyber-performances, le deuxième volet de ce projet Web consiste à créer des fictions d’apparitions de Cœur déphasé dans certains espaces publics de Montréal. Ces événements fictionnels seront rendus effectifs à travers la publication de ses traces dans le blogue: témoignages écrits, extraits d’entrevues vidéo et images fixes. Ce matériel sera le résultat de l’exploration des lieux et des rencontres avec des gens et des situations réelles vécues dans les espaces choisis. Ainsi, le dialogue entre la fiction et le réel mettra en relief l’impact des interactions interculturelles dans la reconstruction quotidienne de l’identité.
Démarche :
« Ma pratique artistique questionne le corps comme territoire redéfini par les slogans commerciaux, la mémoire religieuse et les normes institutionnelles. Je m’attache à observer plus précisément la définition de ce corps dans des contextes d’immigration où les identités des individus se recomposent constamment. Dans ma pratique, cette recherche s’élabore par l’entremise d’un personnage de fiction appelé Cœur déphasé, figure hybride empruntant à l’iconographie religieuse et à la pornographie.
Dans mon travail le plus récent, l’observation de ce phénomène passe par l’analyse des habitudes domestiques, ce qui a comme résultante la conception d’une série de projets autour de l’espace intime par excellence: la maison. Par sa complexité symbolique, je compare la maison à un réseau architectural dont la disposition des pièces et des couloirs rend difficile l’orientation dans l’espace. Pour cette raison, cette série d’expositions est nommée Laberinto, mot hispanophone qui veut dire labyrinthe.
Laberinto est composée de quatre projets artistiques interdisciplinaires. Chacun questionne un espace différent de la maison: la salle de bain, le salon, la cuisine et la chambre à coucher. À partir de l’observation des habitudes propres à ces quatre espaces, je cherche à souligner l’intervention de la technologie, du quotidien, des clichés publicitaires, religieux et institutionnels dans la reconstruction des identités des individus. Cette résidence à Studio XX a pour objectif de développer et réaliser le projet « Laberinto : la visite », qui consiste à observer ces phénomènes de recomposition identitaire dans le salon.
Pour la construction de ce projet, j’ai choisi d’associer deux points de vue différents de la visite. Le premier sera abordé comme une situation de rencontre où se dévoilent plusieurs mécanismes de la redéfinition de soi et du statu personnel en face de l’autre.
Le deuxième aspect s’inspire d’un épisode de la mythologie catholique qui raconte la visite de l’ange Gabriel faite à Marie pour l’annoncer le mystère de l’incarnation. Cet épisode s’appelle l’Annonciation. Grâce à cette association, la visite est redéfinie par ce projet comme une rencontre miraculeuse. »
BIO :
Helena Martin Franco est née à Cartagena en Colombie. Elle a obtenu un baccalauréat en Arts visuels à l’Universidad Nacional de Bogota et elle complète en ce moment, une maîtrise en Arts visuels et médiatiques, à l’Université du Québec à Montréal. Sa pratique interdisciplinaire explore la photographie, la vidéo, la performance, la peinture et la céramique. Elle a également enseigné les arts visuels dans des universités colombiennes et s’est impliquée activement dans des organismes communautaires voués à l’éducation populaire et à la diffusion de l’art. Son travail a été présenté en Nouvelle-Zélande, en Colombie, aux États-Unis et dans des centres d’artistes au Québec. Actuellement, elle vit et travaille à Montréal.