Progression | Salima Punjani
Exposition du 22 avril au 21 mai 2021
Du mardi au vendredi, 12h – 17h
Chez Ada X, 4001 rue Berri, suite 201
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Présence de l’artiste les jeudis de 17h à 19h et les samedis 24 avril et 8 mai de midi à 17h. Salima offrira aux visiteur-se-s la possibilité de ressentir leur propre réaction à travers les récits de personnes atteintes de sclérose en plaques grâce à un casque de détection des ondes cérébrales et à une technologie vibrante/vibrotactile.
Discussion avec l’artiste, l’historienne de l’art Tamar Tembeck et l’une des participantes au projet, Patricia Rivas, le jeudi 29 avril à 17h. Inscription via ce lien.
Comment créer des liens humains significatifs sans accorder trop d’importance aux défis sociaux et de santé, mais sans non plus les ignorer ?
C’est une question récurrente pour l’artiste et conteuse Salima Punjani. Profondément inspirée par le projet Bodies in Translation, qui affirme que « si la loi peut faire beaucoup pour favoriser l’inclusion, elle ne peut légiférer sur la désirabilité, la reconnaissance culturelle ou l’accueil », Salima Punjani crée des œuvres avec soin et une attention particulière pour l’accessibilité. Elle estime que l’inclusion et la reconnaissance des personnes handicapées à travers les arts sont des outils puissants pour défier l’idée que la productivité économique est la forme de contribution la plus précieuse à la société.
Son œuvre Progression est une installation multisensorielle et interactive qui superpose en temps réel les récits de personnes atteintes de sclérose en plaques à leurs EEG et IRM cérébrales. Que ce soit pour faire face au déclin cognitif, à l’imprévu ou à la remise en question des stéréotypes, chaque participant-e est en contrôle de son histoire et de la façon dont il-elle souhaite être vu-e. Les visiteur-rice-s sont invité-e-s à s’ouvrir à la possibilité de connexion, d’empathie et de compréhension à travers une multiplicité de sens, qu’il s’agisse de ressentir à travers le son ou d’écouter du bout des doigts.
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Texte accompagnant l’exposition:
Les nuances multiples de l’étude de Salima Punjani s’expriment à travers des éléments sensoriels variés : une lenteur qui cherche à cultiver la présence, un toucher qui n’est pas seulement contact, mais aussi écoute, une participation consciente par le biais de dispositifs imaginés, de même qu’une rétroaction sensible permettant aux récits inexprimés d’être partagés dans une atmosphère invitant à une écoute profonde.
S’appuyant sur son expérience personnelle et en conversation avec des corps handicapés, sensibles à un ensemble de conditions et de questions – les notions de temporalité, de mémoire et l’expérience des espaces quotidiens; la douleur d’être ostracisé∙e∙s, les attentes en matière de productivité économique et les rythmes de vie rapides –, Punjani identifie le sens premier de son travail : « accueillir et reconnaître les voix de personnes handicapées » par des moyens artistiques, afin de montrer comment la vulnérabilité et l’agentivité, lorsque partagées, peuvent mettre en œuvre une transformation humaniste.
En relation étroite au corps, le portrait photographique de l’artiste et ceux de personnes atteintes de la sclérose en plaques sont combinés à leurs signaux EEG (ondes cérébrales) sonifiés, ainsi qu’à des imageries cérébrales IRM (imagerie par résonance magnétique) originales. Cette recontextualisation des données médicales met de l’avant la complexité de l’histoire de chaque individu au-delà d’un diagnostic médical insensible. Dans son portrait, Punjani cherche du réconfort auprès de la déesse Bherunda Nitya – une déesse dont la vulnérabilité est considérée comme sa plus grande arme. De même, chaque personne représentée accède à une forme d’agentivité incarnée et devient l’auteur∙rice de sa propre histoire, transcendant le modèle médical du handicap.
Un contraste intentionnel des points d’accès sensoriels offre une porte d’entrée collective permettant d’accentuer des « valeurs de co-création et de narration multimédia participative ». La traduction en temps réel d’ondes cérébrales en vibrations, la photographie tactile, les ondes cérébrales sonifiées, de même que la participation des collaborateurs∙rices par le partage de leurs données biologiques agissent comme des catalyseurs pour ces méthodes de traduction et de rupture. Elles transmettent des couches de signification sensorielle qui s’étendent au-delà des lectures conventionnelles, en mettant de l’avant la réciprocité dans l’élaboration d’un processus de collaboration élargi.
Progression est ainsi une méta-interaction relationnelle d’agentivité et une navigation d’espaces vulnérables. Par sa recherche, Punjani vient mettre en forme des stations haptiques et d’écoute par lesquelles de nouvelles modalités d’attention, de soin et d’empathie peuvent s’instituer dans l’intimité, dans une complexité permettant à chacun∙e d’interagir puissamment avec l’œuvre, d’une manière relative et non absolue.
Alifiyah Imani
Alifiyah Imani (Copenhague/Karachi) combine une pratique en arts multimédias et en écriture et s’intéresse particulièrement au son, à la communauté et aux sous-cultures auditives.