Dans le cadre de son programme de résidences, le Studio XX est heureux d’accueillir, du 28 septembre au 6 novembre 2015, l’artiste Daniella Ben-Bassat et son projet TASKMASTER.
Dans le cadre de sa résidence et grâce aux ressources conceptuelles et technologiques du Studio XX, Daniella Ben-Bassat réalisera un nouveau projet intitulé Taskmaster. Motivée par le désir d’examiner la relation intime et pourtant inégale entre les humains et la technologie, le projet Taskmaster tend à dévoiler les limites cachées imposées aux humains dans leur relation avec les outils numériques.
Extrait vidéo : Daniella Ben-Bassat | TASKMASTER
La notion de contrôle, présentée comme une caractéristique inhérente aux technologies numériques, est, selon Daniella, intrinsèquement absurde. Elle souhaite donc mettre l’accent sur la présence de cette absurdité dans les relations entre les corps humains et les nouvelles technologies intelligentes.
Les « utilisateur-rice-s », ainsi appelés universellement, jouissent d’une autonomie uniquement à travers les paramètres de leur machine numérique. Les outils non-mécaniques, contrairement à leurs prédécesseurs mécaniques, masquent souvent ces paramètres – cachant ainsi la véritable nature de leurs mécanismes. L’interface épurée donne aux utilisateurs l’impression de contrôle, tandis que leurs mécanismes réels se cachent derrière un boîtier métallique, des circuits complexes et du code.
À travers sa résidence au Studio XX, Daniella créera quatre machines/sculptures sonores qui révèleront leurs propres anatomies technologiques. Chaque machine sonore fonctionnera comme un diorama en mouvement enfermé dans un cube. Les pièces de chaque cube seront automatisées / pré-programmées pour tourner dans des directions différentes à des intervalles de temps différents. Ces rotations créeront en direct des boucles auditives de sons de moteurs amplifiés, de cordes de violon et de morceaux de métal glissant les uns contre les autres et contre leurs propres parois. Le public pourra observer clairement les éléments présents dans ces cubes. Grâce à l’aide des collaborateur-rice-s du Studio XX, Daniella automatisera ses machines à l’aide de micro-contrôleurs : elle cherchera à programmer chaque pièce de manière à ce qu’elle fonctionne d’elle-même comme une machine sonore, tout en étant réactive aux interactions lors de la présentation au public.
Chaque sculpture sera raccordée à une pédale qui permettra à l’utilisateur/ spectateur de contrôler la vitesse du moteur. Les sculptures fonctionneront selon leur programmation (la création de boucles sonores et leur rotation sur leurs propres trajectoires prédéterminées) mais vont aussi répondre aux décisions de l’utilisateur. Le contrôle de la vitesse va directement influencer la tonalité et l’amplitude du son des sculptures alors que leurs mouvements seront toujours limités par chacune de leurs formes. Les sculptures, dans leur état mécanique pré-programmé mais aussi influencé par l’intervention humaine, fonctionneront ensemble accompagnées de mélodies bourdonnantes de guitare et de sonorités motorisées afin de créer un paysage sonore à la fois industriel et humain.
Révéler les systèmes cachés inhérents aux technologies et aux médias grand public est non seulement important pour nous comme « utilisateurs », mais cela permet également, en tant que pratique féministe, de rendre visibles les systèmes qui imprègnent nos vies.