The Weed In Your Garden | Anahita Norouzi [présentation de résidence]

Participant·e·s

Présentation de résidence
Jeudi 28 avril, 2022
Présentation des œuvres à 18h, discussion à 19h
Chez Ada X, 4001 rue Berri, # 201
Événement en anglais, avec traduction vers le français chuchotée.
Gratuit | Inscription via ce lien

Le golpar est une plante originaire du territoire connu sous le nom d’Iran, et est particulièrement apprécié dans la cuisine persane pour son goût distinctif. Sa traduction littérale, « aile de fleur » ou « plume de fleur », évoque la translucidité de ses méricarpes, qui ressemblent à des pétales. En Occident, où la plante a été introduite au XIXe siècle, elle est connue, en anglais, sous le nom de Persian Hogweed ou Giant Hogweed, à savoir de la nourriture pour les porcs. Cette disparité figurative dans l’appellation d’une même plante, d’un territoire à un autre, est devenue une source de fascination et d’étude pour l’artiste Anahita Norouzi, ainsi que la prémisse de son récent corpus d’œuvres. S’inscrivant dans le cadre d’un processus de recherche et de création, la résidence d’Ada X a permis à Anahita Norouzi de développer Alien Blooms, une œuvre sous la forme d’une application mobile de réalité augmentée. Via l’interface de l’application qui active les caméras des appareils pour leur permettre de lire une matrice codée, les spectateur·rices voient apparaître trois variations du spécimen de plante dans un espace environnant.

Comment une plante vénérée dans son pays natal a-t-elle pu devenir, au Québec, une mauvaise herbe gargantuesque, toxique, envahissante et indésirable ? C’est cette question qui a conduit Norouzi à mener une étude interdisciplinaire d’un an sur la plante, à la fois journalistique, botanique, archéologique, culturelle et historique. Cette plongée dans les multiples façons dont une plante acquiert une signification dans l’imaginaire collectif a permis à l’artiste de tracer des parallèles frappants avec le discours géopolitique et les rhétoriques migratoires et impérialistes, y dévoilant ainsi les rouages latents du racisme structurel et de la xénophobie.

Au même titre que le pillage d’artefacts culturels, l’impérialisme botanique est une manifestation notoire de l’Orientalisme. Le déplacement d’une plante peut provoquer, chez elle, des mutations génétiques. Son intégration dans un nouveau climat peut l’inciter à se comporter différemment. Certaines plantes n’étaient pas destinées à être déplacées. Peut-être deviennent-elles plus amples et plus larges, à la recherche d’un foyer. Peut-être que, contrairement aux objets inanimés, elles peuvent s’opposer à leur délocalisation en grandissant, plus tenaces, plus majestueuses, marquant les injustices que leur présence invoque. Au Québec, la Persian Hogweed, berce de Perse en français, a tendance à se développer dans les zones perturbées, dans un sol acide. Dans cet environnement particulièrement humide, elle prolifère.

Alien Blooms sera présentée à la Grantham Foundation for the Arts and the Environment en mai 2022, dans le cadre d’une résidence et d’une exposition englobant les recherches approfondies de l’artiste sur la plante Golpar.

Texte par Mojeanne Behzadi. Mojeanne Behzadi est une historienne de l’art, commissaire d’exposition et poète basée à Tiohtà:ke/Mooniyang/Montréal. Elle dirige actuellement Art Speaks, une série de conférences internationales sur l’art contemporain, et est conservatrice de la recherche et de la programmation chez Artexte.

Anahita Norouzi est une artiste multidisciplinaire de Tiohtà:ke/Mooniyang/Montréal, originaire de Téhéran. Ses recherches explorent les notions de déplacement, de mémoire et d’identité dans une perspective psychohistorique.